Les textes ....
 


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Un dimanche de février 2001
Prado Plage.

Mercredi 28 février 2001 après 16 heures.
Près du kiosque à musique de la Canebière.

Samedi 24 février 2001, 10h45
Boulevard des Dames

Samedi 17 février 2001
Magasin la Foir-Fouille 15h30, Trets

Vendredi 16 février 2001 – vers 17h40
L'Estaque, le port.

Vendredi 16 février 2001 – 12 heures 50
Jardin d’enfants du parc du Palais Longchamp

Dimanche 11 février 2001, 18 heures.
Entre Cassis et Marseille.

Mercredi 7 février 2001 – 15 heures 30
Quartier de Noaille

Mercredi 7 février 2001 – 15 heures
Marché des Capucins (quartier de Noailles

Mercredi 7 février 2001 – 15 heures
Marché des Capucins (quartier de Noailles)

Mercredi 7 février 2001 – 15 heures.
Place du Marché des Capucins - Devant l’entrée du métro Noailles

mardi 30 janvier 2001 – 13 heures 30
Métro direction Castellane, station "Notre-Dame"

Samedi 27 janvier 2001 – 19h
Boulevard National

Lundi 22 janvier 2001 – 11 heures 30
Devant la poste des Réformés

Le 21 janvier 2001 – dix heures du matin
Plage des Catalans

Samedi 20 janvier 2001– 10 heures
Arrêt de bus sur la Canebière

Lundi 15 janvier 2001– 7h30
Bus 32, Boulevard National.

2001.
Rue Rougié 13005 Marseille

2000...

 

Un dimanche de février 2001.
Prado plage.
Lorsqu'il descend par l'escalator à la station Cours-Julien, le ciel est clair, parcouru de nuages. Lorsqu'il ressort à l'air libre, à la station Rond-Point du Prado, l'atmosphère s'est considérablement assombrie. De petites taches commencent à moucheter le sol. De fines gouttes recouvrent peu à peu les verres de ses lunettes. Tout en traversant le Boulevard Michelet, il les retire, les range dans leur étui et remet l'étui dans sa poche.
Dans le 83, le chauffeur met en marche les essuie-glaces.
Lorsqu'il descend du bus, à l'arrêt Prado-Plage, il pleut à verse. Il reste un moment immobile puis tourne son regard vers le sud-est, d'où vient le vent de la pluie. Aucune éclaircie n'est en vue.
Il remonte le col de sa veste et entreprend de parcourir les deux cents mètres environ qui le séparent de l'arrêt suivant. Il marche, poussé par le vent, la nuque fouettée par l'averse. Une tâche d'humidité imprègne le bas de son pantalon qui colle à l'arrière de ses jambes.
Sur la pelouse, de l'autre côté de la route, deux équipes poursuivent avec acharnement une partie de football. Lorsqu'il atteint l'abri-bus, la partie se disloque. Les joueurs rejoignent leurs voitures. Tout en se changeant, ils commentent bruyamment la partie, menée vaillamment, presque jusqu'au bout, contre l'équipe d'en face et l'intempérie.
Après avoir consulté la table-horaire indiquant les intervalles de passage des 83 et tout en se gardant des éclaboussures que peuvent causer certaines voitures passant trop près du trottoir, son regard se fixe vers la mer. Là-bas, au delà de la chaussée, par delà la pelouse, selon un rythme irrégulier, un panache d'écume se forme contre la digue, s'élève, se maintient en l'air un instant, retombe, jusqu'à la prochaine vague assez forte pour jaillir de nouveau. Il observe ce spectacle pendant environ treize minutes, délai indiqué par la table-horaire jusqu'au passage du prochain bus.
Pierre Grimal

 

Mercredi 28 février 2001 après 16 heures.
Près du kiosque à musique de la Canebière.
Quelques adolescents parlent et rient quand un jeune, d'allure modeste, passe devant eux. Un des adolescents se détache du groupe et lui demande une cigarette. Il refuse, l'autre le tire par le bras tout en lui faisant un croche pied et il tombe à genoux. Il est lâché, se relève et repart très vite rougissant et gêné.
L'adolescent se retourne alors vers ses amis exhibant, hilare, un chéquier. Christiane Millon

 

Samedi 24 février 2001, 10h45.
Boulevard des Dames.
Brusquement, l'azur du ciel efface les roses et les violets tendres.
Le boulevard se laisse ainsi chahuter, les voitures se meuvent soudainement en dansant vers la porte d'Aix triomphale.
Elles ne sont pas les seules.
Les feux tricolores officiants, quelques nez d'automobilistes arrêtés dans leur course flottante
s'écrasent contre les vitres et, se lèvent pour apercevoir la course libre des papiers et des sacs
plastiques emballés dans une grande valse improvisée.
Deux sacs plastiques blancs.
L'un d'eux s'arrête brutalement éperonné par une branche platanisante et verdissante. L'autre continue son vol et part se glisser derrière la fenêtre d'un immeuble et, le temps d'un brin d'azur, quelqu'un semble apparaître, se désarticuler, et tenter de prolonger ses membres pour attraper le nuage plastifié. Gesticulation désordonnée, orangée, de longs bras verts déploient des trésors d'agilité. Le sac en plastique blanc se creuse, s'esquive, glisse puis retrouve ses rondeurs, poursuivit par une jupe noire qui se fend, se soulève et tente de rejoindre les longs bras verts qui s'emballent dans un jeu d'articulations astucieuses.
Les nez sont toujours collés contre les vitres azurées.
Extérieur jour. Le ciel agité continue de promouvoir le petit ballet du 4ème étage de l'immeuble. Oscillations ténues, salutations, les longs bras verts continuent de monter dans le ciel , rejoints par la jupe doublement fendue.
Le sac blanc disparaît.
Sur le boulevard des Dames, désarticulé par le Mistral , le linge attrape le soleil et sèche en riant. Sylvie Barbière

 

Samedi 17 février 2001.
Magasin La Foire-Fouille, Trests.
Il s'approche d'un vendeur apparemment fort occupé et lui demande sans autre
forme de politesse :
- Vous avez des colliers pour chien ?
- Bien sûr, là-bas au fond à droite, répond-il.
Il y va sans un mot et revient 30 secondes plus tard l'air agacé.
- Vous avez des gants de travail ?
- Oui oui, là-bas au fond à gauche.
Il s'en va, puis 20 secondes plus tard c'est encore lui.
- Vous avez des parapluies ? recommence-t-il.
- Oui juste là derrière.
Au bout de 10 secondes, le revoilà, les mains toujours vides.
- Vous avez des vélos ? dit-il, dérangeant le vendeur une fois de plus.
- Ah ça non, monsieur, désolé.
- Ah, quel dommage, gémit-il, s'en allant sans le moindre achat, les mains dans les poches. Jean- Mathieu

 

Vendredi 16 février 2001 – vers 17h40.
L'Estaque, le port.
Une jeune femme désigne à l'entrée du magasin un légume à l'aspect de tiges feuillues aux extrémités en bouton de fleurs jaunes. Elles sont réunies en gros bouquets serrés par un lien dans une cagette.
La jeune femme :
- ça se cuisine comment ça ?
Le marchand derrière sa caisse est en train de servir un client :
- ça ? les brocolis ?... blanchis... vous les faites blanchir.
Il finit sa pesée et va attraper un bouquet :
- vous gardez les feuilles et les fleurs, vous mettez pas les tiges parce que c'est amer, vous voyez... jusque là... ça vous pouvez le mettre.
Il désigne la tige fine juste en dessous des boutons de fleur. Il retourne à la pesée des légumes du client.
Le client ; Il porte une casquette, il a l'air attentif à la conversation, sa parka marron est zippée jusqu'au cou. Il replace sa casquette et lance :
- à l'étouffée aussi ça se fait, vous les mettez dans la poêle, le couvercle dessus, à l'étouffée quoi, vous rajoutez un peu d'ail, de l'huile d'olive.
Le marchand :
- c'est plus fort comme ça... blanchi, ça le rend moins fort.
Le client :
- à la poêle c'est bon ! c'est les Italiens qui le font comme ça.
La jeune femme :
- bon, je vais essayer...
Le marchand :
- vous êtes combien, parce que ça réduit, c'est comme les épinards.
La jeune femme :
- un bouquet, pour goûter.
Marie-Ange Singla

 

Vendredi 16 février 2001 – 12 heures 50.
Jardin d’enfants du parc du Palais Longchamp.
Un immense toboggan en pierre blanche en forme de serpent sur un parterre caoutchouteux vert et rose… sur lequel est assis à califourchon un adolescent en train de boire du Coca-Cola… une fois la bouteille finie, il la jette au sol derrière lui … ses trois copains sont rentrés dans le serpent … ils jouent avec la résonance… « et oui vous êtes venus nombreux pour nous acclamer … bonjour monsieur, un ticket … ».

Un vieux monsieur traverse le jardin d’enfants. Il porte un sac plastique bleu à la main, d’où dépassent deux baguettes de pain.

Un couple d’amoureux discute. La jeune fille avec une longue queue de cheval blonde et frisée, a la tête posée sur les genoux du jeune homme noir au crâne rasé.

Un homme d’une cinquantaine d’année, lunettes de soleil, barbe grisonnante, jean bleu, polo blanc, sac à dos joue avec les balances à ressort en forme d’animaux … Il fait bouger l'otarie bleue … Il repart … l’otarie continue de hocher de la tête. Sara Hug

  Dimanche 11 février 2001, 18 heures.
Entre Cassis et Marseille.
Des bouchons sont signalés sur l'autoroute Est.
Elle prend alors la route nationale : "l'ancienne route d'Aubagne". Après avoir traversé Aubagne, puis la Penne sur Huveaunne, la Valbarelle, quelques maisons de village apparaissent à gauche, une végétation peu vive, des entrepôts, des fabriques plus ou moins abandonnées à droite, vitres cassées, toits effondrés, paysage habité par le froid et le vide. La chaussée est pavée par endroits et parfois raccommodée par des plaques de goudron.
La nuit est de plus en plus noire. Une forme surgit sur la droite énorme, géométrique, enchevêtrée, des échelles un peu partout : c'est une usine. Il y a encore des fumées qui l'enveloppent et devant au bord de la route sur un arrêt d'autobus, elle lit :
"LA SOLITUDE."
En face, les petites maisons font place aux H.L.M.
Nicole Hatuel

 

Mercredi 7 février 2001 – 15 heures 30.
Quartier de Noailles.
Une femme africaine avec un long manteau noir, un fichu de couleur noué dans les cheveux, une grosse écharpe en laine orange et un grand sac à main en cuir rouge se promène main dans la main avec un petit garçon blanc. Sara Hug

 

Mercredi 7 février 2001 – 15 heures.
Marché des Capucins (quartier de Noailles).
Une vendeuse crie ses promotions du jour «  6 francs 80 le kilo de clémentines  » … une autre marchande balance violemment des cagettes vides derrière elle sans se retourner … un homme avec un casque de moto sur la tête achète des pommes de terre et deux poireaux puis il remonte sur son engin qu’il avait garé juste à côté de lui … un sac plastique jaune vole au vent … un chien renifle des fruits et légumes écrasés par terre … un enfant fait des aller-retour avec sa trottinette … un camionneur décharge des cartons … une Nissan verte, ses « warnings » allumés… les chauffeurs des voitures derrière commencent à klaxonner… Sara Hug

 

Mercredi 7 février 2001 – 15 heures.
Marché des Capucins (quartier de Noailles).
Les magasins les uns à côté des autres : La Méditerranée, Choua-Mania, Torréfaction Noailles, Bar Prinder, le Souk des viandes, Bar Briand, Pâtisserie snack orientale le Rif, Maya, Au grand Saint –Antoine rôtisserie charcuterie maison, Bar de l’Est Stella Artois… Sara Hug

   

Mercredi 7 février 2001 – 15 heures.
Place du Marché des Capucins - Devant l’entrée du métro Noailles.
Une femme arabe porte un enfant dans ses bras, l’enfant est complètement emmitouflé dans une combinaison de ski rose. Un petit garçon se tient tout près, il avance au même rythme. Devant la femme, une fillette de dix ans environ porte un tapis roulé aussi long qu’elle. Le tapis traîne un peu par terre, elle a du mal à le porter en marchant. Une autre petite fille plus jeune avec des longs cheveux noirs frisés coiffés en queue de cheval se trouve derrière, à quelques pas. La femme se retourne pour l’appeler, elle lui dit de se presser. La femme regarde autour d’elle si tous les enfants sont là. Puis ils s’engouffrent tous les cinq dans la station de métro. Sara Hug

   

Mardi 30 janvier 2001 – 13 heures 30.
Métro direction Castellane, station "Notre-Dame".
Un homme monte dans la rame. Il regarde autour de lui. Puis il se dirige vers un siège libre, à côté d’une femme toute habillée d’orange. A peine assis, il lui adresse la parole :

-  Madame, vous aimez aller vous promener dans les calanques ?

La femme le regarde un peu surprise.

- Oui, oui, j’aime bien ça.

L’homme reprend :

- A tout de suite maintenant, vous aimeriez aller vous promener dans les calanques ?

La femme s’exclame aussitôt :

- Mais c’est pas possible ! Je vais travailler moi !

L’homme se lève.

- Ben moi, j’y vais.

Il descend de la rame. Sara Hug

   

Samedi 27 janvier 2001 – 19h.
Boulevard National .
Trois jeunes gens, les cheveux blancs de plâtre, attendent à l'arrêt de bus quand tout à coup, les coupant dans leurs délirades, un jeune garçon les aborde ainsi :

- Excusez-moi, pourrais-je vous demander un conseil ?

- Un conseil ou un renseignement ?

- Non, non, un conseil... Schamane

   

Lundi 22 janvier 2001 – 11 heures 30.
Devant la poste des Réformés.
Un homme, cheveux hirsutes, vieux pantalon vert complètement défraîchi et troué au genou, baskets sans lacets, anorak de ski bleu électrique, se tient debout sur les marches de la poste.

- Madame, s’il vous plaît, regardez-moi !

La femme d’une trentaine d’années, en jupe longue noire avec une veste marron et un sac à main en cuir vert passe sans se retourner.

L'homme aux cheveux hirsutes recommence :

-  Monsieur, s’il vous plaît regardez-moi !

Un homme d’une quarantaine d’années, tout vêtu de noir des pieds à la tête, se retourne.

- Un sourire s’il vous plaît monsieur ! reprend l'homme aux cheveux hirsutes.

L’homme lui sourit un peu gêné et continue de marcher sans s’arrêter. Sara Hug

   

Le 21 janvier 2001 – dix heures du matin.
Plage des Catalans, Marseille.
Le ciel est bleu mais il fait froid. La petite plage en plein centre ville est déserte. Sous l'auvent en béton qui abrite les cabines des vestiaires, un vieux monsieur rond en slip de bain rayé, un bob sur la tête, fait de petits mouvements de gymnastique avec les bras. Il y a aussi trois vieilles dames en maillots de bain. L'une d'elles traverse la plage, pose sa serviette sur le sable et entre dans l'eau. Elle s'éclabousse, fait quelques brasses et revient sur la plage. La deuxième vieille dame s'étend au soleil. La troisième, aux longs cheveux blonds, les seins nus, fait de la corde à sauter.
Jacques Doazan

   

Samedi 20 janvier 2001– 10 heures.
Arrêt de bus sur la Canebière.
Un monsieur d’une quarantaine d’années en imperméable gris attend le bus. Il se tient debout avec son parapluie noir grand ouvert. Il interpelle un vieux monsieur assis sur le banc sous l’abri de bus : « Vous avez vu ce temps pourri ! Le soleil va jamais revenir ! C’est pas possible ! Le soleil est mort ou quoi ? »
Le vieux monsieur lui répond : «  Et oui, si ça continue comme ça, on va avoir des pingouins à la bonne mère ! ». Sara Hug

   

Lundi 15 janvier 2001– 7h30.
Bus 32, Boulevard National.

Debout, serré parmi tant de gens, elle s'agrippe à la barre du haut les yeux rivés sur son sac tenu par l'autre main. Soudain son portable sonne, inaccessible, persistant, avec cette mélodie électroniquement reproduite maintes fois.
"Je suis dans le bus, et toi t'es où ? ". "Non je bosse aujourd'hui". "Ce soir 19h" poursuit-elle. "C'est les soldes ! J'te dis pas le monde". Le bus s'arrête au feu en secouant tout le monde, le chauffeur redémarre. "Je descends au prochain, j'te rappelle ce soir". Stéphane RIGO

    2001.
Rue Rougié 13005 Marseille.

CERAMIQUE, METAL, PLASTIQUE.
Trois plaques bleues.
Céramique EMAILLEE, métal EMAILLE, plastique.
Aux coins de la rue Rougié et du boulevard Eugène Pierre,
trois plaques, de dimensions comparables (environ quarante centimètres de large sur vingt centimètres de haut).
D'un côté de la rue :
à trois mètres au dessus du sol,
sur la plaque de CERAMIQUE émaillée, bleue (plaque de CERAMIQUE émaillée, PLATE, PATINEE, bleue, SCELLEE dans le revêtement du mur) :

"RUE ROUGIÉ",

en blanc.
Quelques dizaines de centimètres en dessous,
sur la plaque de METAL émaillée bleue (plaque de METAL émaillée, BOMBEE, VISSEE au mur, légèrement ROUILLEE autour des vis) :

"5ème arrondissement RUE ROUGIÉ",

en blanc.
De l'autre côté de la rue :
sur la plaque de PLASTIQUE bleue (plaque de PLASTIQUE, PLATE, à la SURFACE MIROITANTE, bleue, VISSEE au mur) :

"5ème arrondissement RUE ROUGIÉ",

en blanc,
et au coin supérieur gauche de la plaque
UN ECUSSON, blanc,
en son centre : une croix bleue.
Pierre Grimal


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