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Dimanche 28 mars 2001, 11h30
Bureau de vote, rue Vincent Leblanc, 13002.

Samedi 24 mars 2001.
Allées Léon Gambetta.

Vendredi 23 mars 2001.
Les 5 Avenues .

Mercredi 21 mars 2001, 16h10.
Marseille, Café Parisien

Mardi 20 Mars 2001,18h15
Avenue de St Antoine, 13015.

Lundi 19 mars 2001 à 11 heures.
Rez-de-chaussée du Monoprix de la Canebière.

Samedi 17 mars 2001 à 20 heures.
Théâtre de la Baleine qui dit « vague » dans le 1er arrondissement.

Jeudi 15 mars 2001, midi.
Marché du Prado.

Mardi 13 mars 2001.
Rue Molière.

Vendredi 9 mars 2001, 21h30.
Place Sadi Carnot.

Mercredi 7 mars 2001,13h30
Plages du Prado

Mardi 6 mars 2001 à 13h
Devant le Quick de la Canebière.

1er mars 2001,15h
Bd de Paris

2001 (01-02)..

2000...

     

Dimanche 28 mars 2001, 11h30
Bureau de vote, rue Vincent Leblanc, 13002.
Un drapeau tricolore flotte au dessus du portail de l'Ecole Communale.
Dans l'entrée, des dessins d'enfants plein de couleurs contrastent avec le look grisâtre des adultes.
Ils suivent sagement les flèches jaunes qui les conduisent vers les casiers de bois où sont rangés les bulletins et les petites enveloppes oranges. Ils prennent un peu de tout, puis vont s'isoler dans les cabines dont ils tirent le rideau noir derrière eux. Ils en ressortent peu de temps après, brandissant leur petite enveloppe orange et leur carte d'électeur et se dirigent vers une table derrière laquelle les attendent sept scrutateurs.
On les dévisage, on les nomme et leur ouvre la boite transparente. L'introduction de leur petite enveloppe orange dans la fente de l'urne déclenche un tonitruant "a voté".
Armand Digénis


Samedi 24 mars 2001.
Allées Léon Gambetta.

Midi.
Elle est assise sur les marches d'une belle maison à côté d'un bar où des gens boivent, avec à ses pieds des pots de fleurs et des bouquets.
Le soleil est chaud. Elle parle avec un homme. Elle n'a pas de chaussures et se touche les orteils. Elle a une robe claire, sans manches, découpée aux ciseaux dans un tissu épais. Ses cheveux plus blancs que gris lui font une auréole d'étoupe. Elle n'a pas le visage ridé.
17 heures.
Elle est devant la même porte, assise, seule. Elle lit un livre. Par la disposition des mots, cela ressemble à un recueil de poèmes. Elle a toujours les bras nus.
Après minuit.
Sur le même trottoir, des cartons, des sacs de couchage déchirés, côte à côte.
Rien ne bouge. D'un sac sort une masse de cheveux, blanche dans la nuit.
Christiane Milon

Vendredi 23 mars 2001.
Les 5 avenues.
Au bout du boulevard de la Libération se trouve le croisement des 5 avenues, en face commence l'avenue de la Blancarde, un peu déportée à gauche l'avenue des Chartreux, plus à gauche encore le boulevard du Jardin Zoologique et complètement à gauche en épingle à cheveux le boulevard Philippon.
Au centre de ce croisement, il y a un îlot en bitume. En son milieu, une colonne soutient une tête en bronze. Pour s'en approcher, il faut traverser hors des passages piétons et braver tous les dangers. De plus, la tête est orientée vers ... rien... peut-être vers le kiosque à sandwiches devant le Casino du quartier ?
Ensuite, il faut contourner la colonne, un peu, pas trop, pour y lire l'inscription:
Antonin Artaud
Marseille 1896
Ivry/Seine 1948
Christiane Millon

Mercredi 21 mars 2001 16h10.
Marseille Café Parisien
Cases blanches
Cases noires
Pions blancs
Pions noirs
- C'est à toi de jouer
Le fou mange la tour
Le cavalier mange le fou
La tour mange le cavalier
La dame bloque le roi
Le roi n'a plus d'issue
ECHEC ET MAT
Jean-Mathieu

Mardi 20 Mars 2001, 18h15.
Avenue de St Antoine, Marseille 13015
.

Un jeune homme descend l'avenue sur le trottoir opposé au sens qu'il aurait pu prendre s'il était véhiculé.

Il a à peu près vingt ans. Le crâne rasé et le visage meurtri de cicatrices.

Pour seuls vêtements un survêtement jaune très très sale caché par une grosse doudoune bleue qui lui arrive aux genoux .

Ses pieds chaussés de mocassins troués laissent paraître un orteil.

Soudain, arrivant devant la porte d'une boulangerie il heurte une dame assez âgée qui sort sans regarder, faisant ainsi tomber son pain et sa boîte de petits gâteaux.

Surpris il bredouille quelques excuses et ramasse ses courses, les lui tend et dit :

- Tenez madame

La dame le visage froissé de colère réplique en s'adressant à une cliente qui arrive derrière elle :

- Et oui, c'est toujours les mêmes, hein ! ils ne peuvent pas rester chez eux?

Le jeune homme, lui, tout en souriant, répond :

- Pardonnez-moi madame mais vous savez dans notre famille nous sommes français depuis dix générations et vous ?… Sur ce je vous souhaite une bonne soirée. Au revoir…Shamane

Lundi 19 mars 2001 à 11 heures.
Rez-de-chaussée du Monoprix de la Canebière.
Un homme d'une soixantaine d'années, très petit, tout fin, le visage très ridé avec de grosses lunettes cul de bouteille, un imper beige, une longue étole en tissu orange enroulé autour du cou, se déplace lentement avec une canne. Il tremble légèrement. Il s'arrête devant le rayon lingerie. Il soulève ses lunettes et les bloque au dessus de sa tête. Il regarde avec attention des culottes pour femmes. Il les porte le plus près possible de ses yeux. Il regarde ainsi chaque culotte en bougeant nerveusement les cintres sur lesquels elles sont accrochées. Puis il remet ses lunettes devant ses yeux et repart en boitant légèrement. Sara Hug

Samedi 17 mars 2001 à 20 heures.
Théâtre de la Baleine qui dit « vague » dans le 1er arrondissement, Marseille.
Deux femmes d'environ trente cinq ans et leur deux petites filles (chacune une) sont assises et discutent en attendant le début du spectacle.
Une des mamans : « tu sais, c'est vraiment incroyable ce qui m'arrive ! Je suis vraiment raide dingue de lui. Et à chaque fois, ça me fait pareil. Je suis dans un état bizarre pendant les deux premiers mois ; je ne mange plus, je ne dors plus, je suis un peu dans les vapes tout le temps. C'est comme un état second. »
La copine : « Ah c'est chouette tu en avais vraiment besoin ! Je suis vraiment contente pour toi ! »
L'autre reprend : « Et puis je sais pas, mais je le trouve calme, posé, serein. Tu sais je crois que c'est la première fois que je sors avec un mec normal. »
Soudain, l'une des petites filles interpelle un homme aux cheveux longs frisés coiffés en queue de cheval, qui est accoudé au bar en train de boire un verre de vin rouge. « Sylvain ! Viens t'asseoir à côté de moi ». L'homme sourit en direction des petites filles.
« Sylvain, c'est le copain de ma maman » dit la petite fille.
Sara Hug

Jeudi 15 mars 2001, midi.
Marché du Prado.

Ciel gris blanc, cotonneux. Café Maulo, sur le début du Prado, tout près de Castellane. Café avec terrasse. Au menu différentes sortes de Panini : Caprese (tomates, câpres, mozzarella), Parme (jambon cru, tomates).

Il y a beaucoup de monde, des vendeurs à la sauvette de montres, foulards, différents objets venus d'Asie et des bancs de fruits et légumes. Quand une femme un peu ronde, sans âge défini, les cheveux longs lâchés dans le dos portant une jupe bleue à volants et un pull tricoté main, installe une mini-sono et chante des chansons d'autrefois : "Moulin des amours, tu tournes les ailes…".
Elle ne s'arrête plus et enchaîne avec "Rossignol de mes amours", puis, "L'homme à la moto". Des gens s'arrêtent, certains donnent une pièce dans une soucoupe par terre près des partitions.
Une vieille femme lui parle en aparté, d'autres gens passent.
Nicole Hatuel

Mardi 13 mars 2001.
Rue Molière.

Elle a un gros ventre de femme enceinte et achète des billets à la caisse. Elle se retourne et se dirige vers une vieille dame souriante.
La porte s'ouvre et ensemble, elles commencent à monter les escaliers. Elles sont vite dépassées. De temps en temps, elles s'arrêtent, reprennent leur respiration et se tiennent par le coude pour repartir.
Elles arrivent tout en haut, tendent leurs billets au contrôleur et achètent un programme.
Elles ont un léger mouvement de recul face à la lumière des immenses lustres à hauteur de leurs yeux.
La salle est presque remplie, elles se hâtent, malgré la pente abrupte du poulailler, vers une rangée où il reste quelques fauteuils.
Les musiciens font grincer leurs instruments, les gens s'agitent, elles se regardent et se sourient.Christiane Milon

Vendredi 9 mars 2001, 21h30.
Place Sadi Carnot, Marseille.
Sur le trottoir désert, un homme jeune aux cheveux longs pendant sur la figure, pousse tête baissée un caddie devant lui. Sur le siège enfant du caddie se trouve une pendule en plastique doré. Tout en poussant, l'homme marmonne :
- Eh ben t'es vraiment bien comme pendule, tu as trois aiguilles, une pour l'heure, une pour les minutes et une, eh ben je crois bien que c'est pour la sonnerie non?
CS

Mercredi 7 mars 2001,13h30.
Plages du Prado, Marseille.
Une couche de nuages bas laisse passer une lumière crue qui se répand sur la mer calme et les milliards de milliards de galets de tous les gris. Un homme est planté, debout, jambes écartées et bras croisés, immobile face à la mer. Ses yeux, fixés sur l'horizon, derrière ses lunettes teintées, ne cillent pas. Seuls ses cheveux grisonnants se soulèvent un peu au gré d'un mistral léger. Derrière lui, des grappes de gamins escaladent un énorme crabe en bois et une ébauche de bateau. A l'écart, une petite fille, pliée en deux sur cet immense tapis de cailloux, tête en bas, les cheveux pendant et dansant autour de son visage, se redresse et s'approche, tenant sa petite jupe à la manière d'une fermière ayant ramassé des pommes de terre.

- Maman, regarde les jolis cailloux que j'ai trouvés pour toi, ils sont très très doux. CS

Mardi 6 mars 2001 à 13h.
Devant le Quick de la Canebière.
« Eh monsieur ! Vous auriez pas un franc ou deux à me dépanner ! »
Le jeune homme interpellé se retourne, prend un air navré et dit « Non désolé, mais si tu veux je te dépanne d'une clope »
L'autre rentre alors dans une colère noire : « Non mais c'est pas possible qu'est ce que vous avez tous à vouloir m'offrir des cigarettes. Je fume pas bordel ! » Sara Hug

1er mars 2001,15h.
Bd de Paris, Marseille.
Il neige. Tout est blanc.
Il marche dans les traces de pas.
Il entre dans la laverie.
Il dit "bonjour" en entrant, s'ébrouant et suffocant par la chaleur, le bruit et l'odeur javellisée...
La grosse dame black en jaune lui répond d'un signe de tête. Elle est assise en face des hublots et suit attentivement la suite du programme fugitif des couleurs en grignotant du chocolat.

Deux gamins, la fille en rouge avec des docks bleus et le garçon en vert avec des souliers jaunes fatigués jouent à la marelle. Ils sautent et dansent au rythme des tambours des machines.

La laverie est entièrement carrelée en blanc. Des tags s'entortillent, des chiffres s'enguirlandent et les gamins sautillent en couleur et en riant.

Il appuie sur le bouton "very hot".

Dehors, c'est blanc, silencieux et il fait froid. Armand Digénis

 

 

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