Les textes ....

 


2001 (11-12).

2001 (10).

2001 (09).

2001 (08).

2001 (06).

Samedi 25 mai 2001, 17 heures.
Rue Saint-Pierre.

Jeudi de l'ascension, 24 mai 2001.
Sur le Vieux-Port.

21 Mai 2001.
Rue de Rome.

Mardi 19 mai 2001.
Impasse Montbard
.

Vendredi 18 mai 2001.
Devant le cinéma Le César, place Castellane.

Mardi 15 mai 2001 - 10h 30.
Centre Primaire de la Sécurité Sociale - rue Mathieu Stilatti.

12 mai 2001, vers Minuit.
Entre la rue de La Loge et la rue de Caisserie
.

Vendredi 11 Mai 2001.
27, rue Sainte-Victorine 13003.

Mercredi 9 mai 2001, en fin d'après-midi.
Cours Lieutaud.

Dimanche 6 mai 2001.
Sur le Vieux Port.

2001 (04).

2001 (03).

2001 (01-02).

2000...

     

Samedi 25 mai 2001, 17 heures.
Rue Saint-Pierre.

Sur les murs, des petits moulages en plâtre coloré, triangulaires, carrés ou en forme de médaillon. Près de la vitrine, un cochon blanc sur un ciel mauve... Accroché dans un coin, un cochon debout en costume d'Arlequin... Derrière un ficus et un yucca, un petit chalet de montagne... Au dessus du comptoir, un épi de maïs, en plâtre coloré... ainsi qu'un petit chaperon rouge et un loup.
Sur une table basse, des journaux soigneusement disposés. Quatre ou cinq piles d'illustrés usés, usagés, patinés, aux reliures relâchées, aux couleurs vives... Sur la première pile, " Rodéo ". La couverture montre un cavalier qui chevauche dans la prairie... A côté, " Marouf ". Sur la couverture, un personnage en uniforme d'officier nazi qui retire un masque de caoutchouc et dévoile un horrible rictus... Sur une autre pile, un garçon casqué de rouge, avec des étoiles, bras musclé en avant, la main gantée très grossie par un effet de perspective, " Superboy ". Il y a aussi des " Picsou-Magazine ", des " Mickey-Parade ", " Mustang ", des " Max ", des " Interview ", " La Provence ".

Sur la moleskine noire d'un épais fauteuil rotatif articulé, un homme immobile et silencieux dont la tête dépasse d'un tissu synthétique à carreaux gris, jaunes et rouges. Il fixe son image, restituée par le miroir, qui occupe en face de lui toute la largeur du mur. Des petites mèches blanches voltigent autour de ses oreilles. Derrière les cheveux blancs, au dessus, un homme aux cheveux noirs. Moustache épaisse, bras velus. Silence du client, silence du coiffeur. Seuls le cliquetis des ciseaux, et la radio... " France Info actualités... Présidentielles... Lionel Jospin n'est pas candidat à ce jour mais... Israël ne ripostera pas à l'attentat du Jihad Islamique... " Virgule musicale. " France Info partenaire d'entreprises... Une société recherche... partenaires pour la commercialisation d'un appareil destiné à contrôler le muscle périnéen... sonde vaginale, sonde anale... faire face aux problèmes d'incontinence et de descente d'organes... Virgule musicale. L'Euro c'est dans moins d'un an, France Info vous donne la parole... "

Le coiffeur et le vieux monsieur échangent quelques mots. Quelques pas vers le comptoir... De son portefeuille, le client sort un billet de cent francs pour les cinquante-huit de la coupe simple. Reflets inox cuivrés provenant du plafond de lambris métalliques. Montre métallique de plongée, bracelet large, chromé, au poignet du coiffeur. Billet rangé, six pièces sorties du tiroir, pour la monnaie.

Sur le comptoir, petits calendriers-cartes de visite... A gauche du carton, " Salon Daniel ", un profil de jeune homme dessiné au trait noir, chevelure noire, épaisse et frisottante, épaisse sur le front, regard vers la droite... Sur la partie droite, photographie de jeune femme en décoiffé, en déshabillé, voilage, rouge à lèvres, dos cambré, modelé, spot-light... A gauche, " Coiffeur-styliste, homme-enfant, sur rendez-vous... " A droite, dos cambré... " Pin Up " écrit en rouge.

Le client suivant s'installe sur la moleskine qui enveloppe la structure épaisse, rigide et rembourrée du siège articulé. Pierre Grimal


Jeudi de l'ascension, 24 mai 2001.
Sur le Vieux-Port.

Sous un soleil éclatant, quelques centaines de jeunes sont rassemblés.
Il y en a de toutes les couleurs qui dansent sur une musique techno que diffuse un camion vert foncé, garé sur la pelouse du terre-plein central. Devant le camion, un jeune garçon distribue des petits flyers noirs : "Non à la loi Mariani."
Certains jonglent, jouent au yoyo, au bilboquet ou tournent comme des derviches. Leurs looks vont de la tenue d'été minimale avec des cranes rasés, aux longues tresses portées sur des treillis militaires. D'autres sont sagement assis sur les pelouses et roulent des joints bariolés. Ils se les passent en souriant. Il y a aussi beaucoup de chiens qui tournent autour d'eux.
La circulation est interrompue et des promeneurs s'arrêtent et observent cette jeune faune chamarrée.
- Sainte Vierge des aéroplanes ! crie une vieille dame dans l'oreille de sa voisine.
Armand Gigénis

21 Mai 2001.
Rue de Rome.

Un homme vêtu d'un long manteau à carreaux gris et blanc tirant derrière lui une petite poussette ? caddie ? micro-caravane ? cabas à roulette ? sac à roues ?
Avec des carreaux aussi.
Il passe le long des voitures, son sourire souligne l'expressivité mûre de son visage.
De ce visage-paysage ruisselle, le long de ses joues sillonnées, des perles de pluie.
La ville est glissante, la rue ruisselante.
Une voix, derrière le rideau de pluie se fait entendre.
- Ô Danièle, ô Danièle emmène-moi au cinéma, dit l'homme suivi par son pousse-pousse à carreaux.
Il passe devant la voiture.
- Ô Danièle, ô Danièle, fais-moi du cinéma. Sourire.
Quelques minutes s'écoulent.
L'homme se rapproche de la voiture arrêtée, la plus proche de lui.
Son sourire continue de manger son visage.
- Ô Danièle, ô Danièle, tu n'aurais pas deux francs ?
Un grand éclat de rire fend l'air comme un éclair.
Sylvie Barbière

Mardi 19 mai 2001.
Impasse Montbard.
Des enfants sortent de l'école maternelle, devant leurs mères qui les suivent. Ils partent en courant dans la traverse :
Les mères crient.
Ils prennent le virage de la rue Buffon à toute vitesse :
Les mères crient plus fort.
En bas, ils s'arrêtent net devant les poteaux du boulevard Philippon où un bus passe.
D'autres enfants, restés devant l'école, grimpent sur le mur qui soutient les grilles et le remontent de plus en plus haut à petits pas chassés.
Personne ne les regarde : les mères parlent entre elles.
Une jeune maman met un petit garçon roux d'environ cinq ans sur le porte bagage de son vélo jaune et place une petite fille plus petite encore devant elle.
-Tenez-vous! On y va!
Ses freins crissent le long de la descente mais elle double tout le monde. Ses enfants font des signes de la main aux autres enfants qui leur répondent.
L'imprimeur devant son magasin les regarde passer.
Christiane Milon

Vendredi 18 mai 2001.
Devant le cinéma Le César, place Castellane.

Un homme et une femme s'assoient à la terrasse du café, devant le cinéma. La femme tournée vers le cinéma ne cesse de regarder le couple qui fait la manche.
Ceux-ci sont âgés, très maigres :
Elle, elle est assise sur les marches, elle a une veste courte, matelassée d'un bleu marine disparu et un pantalon assorti, ses lèvres fines ne cachent pas une bouche sans dents, ses cheveux mi-longs sont coupés nets, elle tient contre elle un petit chien jaune.
Lui, il est debout, cheveux gris courts, vêtu d'un ensemble en jeans noirs, décolorés, il tient dans une main un fond de bouteille découpé en plastique vert à ses pieds un sac.
Des gens passent, les saluent ,leur parlent, caressent le chien.
La femme de la terrasse regarde sa montre et parle à son compagnon. Tous deux se lèvent, ils s'avancent vers le hall du cinéma, lui devant. Il rentre. Elle dépose une pièce dans le petit récipient vert.
- Merci, bonne séance!
Christiane Milon

   

Mardi 15 mai 2001 - 10h 30.
Centre Primaire de la Sécurité Sociale - rue Mathieu Stilatti.

Elle sont là : six femmes marrons en boubous, jaunes, rouges, verts, et orange. L'une d'entre elles porte dans le dos un bébé marron clair. Elles tiennent dans leur main un ticket et regardent les écrans de télé. Des images défilent, sous-titrées, avec des lettres normales et des spaghettis. Elles demandent si leur numéro est sorti à une vieille dame qui leur répond en italien et qui s'en va en colère. Le bébé hurle et celle en rouge lui mouche le nez. Elle parle à ses copines et elles s'esclaffent toutes. Puis, elles s'installent sur les banquettes avec leurs tickets et elles attendent. Le bébé s'est endormi en suçant un ticket.
Armand Digénis.

   

12 mai 2001, vers Minuit.
Entre la rue de La Loge et la rue de Caisserie.
Les rues sont faiblement éclairées.

- Je vais te tuer ! Ma voiture ! Je vais te tuer ! Ma voiture.

Dans l'encadrement des immeubles, tout en bas des escaliers, un petit homme court dans tous les sens en criant.
Il va jusqu'au quai et revient vers la rue en zigzaguant, il s'arrête une fraction de seconde, regarde au loin dans la rue et repart.
A l'intérieur d'une voiture noire qui brille sous les réverbères, une forme s'agite.
La vitre arrière, brisée, est ouverte.
Le petit homme continue de piétiner le bitume en criant, il se rapproche de la voiture. A cet instant, un long corps s'extirpe par la vitre arrière, assez lentement, de la voiture et se précipite à sa poursuite. Le petit homme court vers le hall d'un immeuble, un trait lumineux surgit, attaché à la grande silhouette sombre qui disparaît aussi dans le hall de l'immeuble.
Les cris sont devenus des râles.
En haut de l'escalier, une petite effervescence est née, des personnes se parlent, un homme sort de l'épicerie d'un pas décidé et s'engage dans l'escalier.
Alors, la grande silhouette sombre monte à grande enjambées silencieuses. Ils se croisent mais leurs regards ne se croisent pas.
La silhouette se dirige vers une petite rue et s'évanouit dans le Panier.

Dans le hall de l'immeuble, le petit homme déambule.
Des traces rouges de pieds le suivent de la porte à l'ascenseur, de l'ascenseur à la porte et maculent le carrelage du sol.
- Calmez vous Monsieur… asseyez vous…

Mais le petit homme ne veut pas s'asseoir et continue de crier :
- Ma voiture ! …Ma femme, la porte de mon appartement est restée ouverte !…
Une femme est là aussi et le petit homme toujours debout baisse son pantalon. Il remonte sa chemise et montre les petites entailles saignantes.
- Il a arraché ses boucles d'oreilles à ma femme.
Un homme avec un Berger Allemand commente :
- C'était un arabe… moi aussi… ma voiture…
Le petit homme s'est enfin assis sur le bord d'un petit muret dehors. La femme est restée debout.
Des sirènes rugissent, la lumière bleue du gyrophare balaye les immeubles, une voiture de police arrive à toute allure et freine bruyamment.
Des hommes en sortent, revolver au poing, et commencent à poser des questions.
CS

   

Vendredi 11 Mai 2001.
27, rue Sainte-Victorine 13003.

22h 45
Un chat noir se fait écrabouiller par une voiture.

22h 50
Une dame dans la rue pleure en ramassant le chat. Elle l'enveloppe dans du papier journal, pour finalement le jeter dans la grande poubelle juste devant elle. Elle rentre chez elle et en ressort pour lancer une bassine pleine d'eau sur la tâche de sang. Elle pleure et s'adresse en colère, en levant les bras au ciel, au voisin qui sort ses chiens.

22h 55
Un camion poubelle ramasse les ordures et le chat.
Stephane Rigo

   

Mercredi 9 mai 2001, en fin d'après-midi.
Cours Lieutaud.

Feu rouge, passage piétons. A l'arrêt des voitures, c'est la première à s'élancer et à atteindre l'autre côté du boulevard. C'est un petit gabarit. Entre cinquante et soixante ans. Cheveux courts. Visage dur, sans expression. Manteau défraîchi en synthétique blanc melotonné. Collants épais gris-marrons. Chaussures basses. A la montée Théodore Turner, pour aborder la pente abrupte, elle met pied à terre et pousse sa trottinette. En haut de la côte, derrière les voitures et les micocouliers de Notre-Dame-du-Mont, elle s'élance de nouveau et disparaît sur son engin à roulettes.
Pierre Grimal


   

Dimanche 6 mai 2001.
Sur le Vieux Port.

Le ciel est lourd, il y a beaucoup de gens qui tournent autour des marchands de poissons.
Elle marche et s'arrête à tous les étals parfois elle questionne:
- Elles sont à combien les sardines? demande-t-elle à un homme qui en a juste une caissette pleine posée à terre.
Elle continue, va jusqu'au bout du quai, elle regarde les merlans.
- 40 f, pêchés de la nuit, crie une femme.
Elle fait demi tour jusqu'au marchand de sardines et en achète. Il pèse les poissons sur la balance d'une voisine:
- Bon poids, 1,2 kg , 40 f.
Elle paye, prend sa monnaie.
Un homme s'approche :
- Vous savez pas que parfois le poisson, ici, c'est du congelé?
Elle s'étonne :
- Celui que j'ai acheté?
Lui, brusque :
- Vous comprenez quand on vous parle? J'ai pas dit que tous les poissonniers vendent du congelé, mais parfois!
Du coup elle s'énerve :
- Qui vous a permis de me parler sur ce ton? Je vous ai rien demandé! Taré!
Elle s'éloigne et l'autre lui crie :
- Va t'empoisonner!
Christiane Milon

 

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